29 Juillet : jour du dépassement - Que fait l’INRA et que fera l’INRAE ?

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Expression de la branche INRA de SUD-Recherche EPST à l’occasion du jour « du dépassement » en 2019, de plus en plus tôt chaque année.. Un triste record qui nous permet d’interpeller une nouvelle fois la direction de l’Institut sur le rôle attendu de la recherche publique, et particulièrement de l’INRA, pour changer la donne...

Nous revenons sur nos alertes et propositions avancées ces derniers mois dans l’espoir d’une orientation à la hauteur du défi, avec les moyens nécessaires à leur réalisation dans le nouvel institut INRAE annoncé et dans la prochaine loi de programmation pluriannelle de la recherche (LPPR).

Après l’épisode de canicule de la semaine dernière, inédit dans la moitié nord de la France, nous apprenons que le 29 juillet était le jour du dépassement. L’an dernier c’était le 2 août ! «  Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre (en anglais : Earth Overshoot Day ou EOD) correspond à la date de l’année, calculée par l’ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité aurait consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an. Passée cette date, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves non renouvelables (à échelle de temps humaine) de la Terre ».

Dans ce contexte, la recherche publique, en expliquant les enjeux et en mettant toutes ses forces dans la bataille de la mise au point des alternatives, peut et doit avoir un rôle clé dans une transition écologique et sociale incontournable et de plus en plus urgente.

Ce premier semestre 2019, SUD a posé plusieurs alertes et proposé de mettre en débat les orientations de la recherche agronomique, à chaque fois que l’occasion s’est présentée :

 Lors de notre rencontre avec le PDG Philippe Mauguin le 19 janvier, suite à un vif échange en Comité Technique sur l’absence d’implication de la DG dans la réduction des pesticides, rencontre pendant laquelle nous avons fait plusieurs propositions. Par exemple, nous prenons comme indicateur factuel de la transition la SAU en agriculture biologique (AB) des domaines INRA qui stagne aux alentours de 6% (400 hectares sur 7 190) et concernerait 25% des UE. A comparer avec les 64% du total des exploitations des établissements d’enseignement agricole, qui en 2018, ont au moins une production en AB, soit 123 sites (contre 29% en 2010), ce qui représente 22% de leur SAU (4 219 ha). En voilà un changement d’échelle, un vrai, bien au-delà de la communication agroécologique… Engager les domaines expérimentaux de l’INRA dans la transition agroécologique, c’est d’abord se donner les moyens de mieux comprendre les obstacles agronomiques et socio-économiques de cette transition et produire ainsi des connaissances au service de la société ; c’est aussi appliquer à soi-même ce que l’on préconise pour toute l’agriculture !

 Par notre intervention en Comité Technique le 5 mars lors de la très intéressante présentation du rapport interne Développement Durable sur un constat partagé, y compris par le PDG, sur la carence de l’institut en termes de Développement Durable en regard des objectifs fixés en 2007 par le Grenelle de l’environnement d’un Etat exemplaire. Certes c’est un progrès d’aller travailler en vélo mais c’est insuffisant ; parmi nos propositions nous demandons de réduire à l’indispensable les déplacements en avion (sur autorisation de la mission DD ?) et une compensation carbone intégrale des vols par la plantation d’arbres dans les domaines INRA.

 Au sujet de la biodiversité, réunis à Paris du 29 avril au 6 mai, les États membres de l’IPBES, le « GIEC de la biodiversité », ont adopté un rapport inédit, synthèse de milliers de références scientifiques, qui alerte sur l’effondrement du vivant. A cette occasion la communication INRA annonçait « les chercheurs engagés », mais l’institut a-t-il vraiment fait tout son possible ? La direction de l’INRA doit engager un changement de cap radical pour que l’agroécologie soit plus qu’un vague concept, qui d’ailleurs deviendrait impossible à appliquer si sa composante principale, cette biodiversité dont on parle tant, continuait à s’appauvrir.

En 2007 et 2008 c’est en tant que PDG de l’INRA que Marion Guillou a oeuvré, avec 42 « personnalités » choisies par Jacques Attali, dans la « commission pour la libération de la croissance française » (consultez sa composition, c’est très éclairant), qui avait été chargée par le président de la République Nicolas Sarkozy de rédiger un rapport fournissant des recommandations et des propositions afin de relancer la croissance économique de la France. Son rapport avait été rendu en janvier 2008. La commission avait pour rapporteur général adjoint Emmanuel Macron.

Désormais nous savons que la croissance infinie dans un monde fini est synonyme d’effondrement de nos sociétés industrielles et d’une planète invivable ! Il est désormais impossible de séparer le combat pour l’écologie de celui pour la justice sociale.

La DG de l’INRA a choisi de placer sa campagne de recrutement 2019 sous le titre : « Sauver la planète n’est pas qu’un rêve d’enfant ». Si nous agissons ici et maintenant il n’est pas trop tard mais… il faut mobiliser le collectif de la recherche publique et (presque) tout changer. Le document d’orientation du nouvel institut INRAE devra impérativement s’en saisir. La prochaine loi de programmation pluriannuelle pour la recherche (LPPR) annoncée pour 2020 devra fixer des objectifs en ce sens et dégager les moyens nécessaires à leur réalisation. Cette fois nous n’avons plus droit à l’échec !

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