Lutte en soutien au personnel en sous-traitance à l’ENS

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Dans les universités et autres établissements d’enseignement supérieur, l’hygiène, la restauration et la sécurité sont confiées à des entreprises de sous-traitance telles Arc-en-ciel, Elior, Eurest, Labrenne ou encore Derichebourg, connues pour exploiter durement leurs personnels issus de populations parmi les plus discriminées et en situation de précarité économique (femmes, étranger-es etc.). Pendant la lutte contre le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), les collectifs mobilisés et les syndicats se sont battus légitimement pour défendre les conditions de travail et les droits des personnels dans le contexte du télétravail, du chômage partiel, de la continuité des activités dites essentielles et de la vulnérabilité accrue des personnels précaires.

Or, depuis plus de 6 mois, sur le site du campus Jourdan (ENS, EHESS, PSL) puis rue d’ULM (ENS), des étudiant-es, enseignant-es et chercheur-ses et personnels administratif et technique mènent une lutte en soutien au personnel de la sous-traitance. Cette lutte fait écho à celles menées dans les universités d’Aix-Marseille et de Toulouse Jean-Jaurès [1], à l’école supérieure Alice Salomon de Berlin, et aux mobilisations victorieuses menées en Angleterre par les collectifs Justice for Workers/Justice for Cleaners (au Kings’ College, à la London School of Economic et à la SOAS notamment). À chaque fois, il s’agit de faire respecter les droits des salarié-es, de forcer les institutions donneuses d’ordre à assumer leurs responsabilités quant à la sécurité et aux conditions de travail des personnels travaillant sur leurs sites.

Sur la campus Jourdan, le personnel d’hygiène en sous-traitance a continué de travailler pendant le confinement en étant grandement exposé-es aux risques sanitaires dus au COVID 19 : longs trajets dans des transports en commun bondés, masques distribués seulement à compter du 1er avril et gel hydroalcoolique mi-avril. Pire encore, à la fin du mois de mars, en plein confinement, l’entreprise Derichebourg a été remplacée par Labrenne, cette dernière elle aussi bien connue pour les temps partiel imposés ou les heures supplémentaires non payées. Alors que la perte d’un marché doit légalement être annoncée 15 jours avant la date de fin du contrat, les salarié-es en sous-traitance dans les établissements de l’ENS n’ont pas été prévenu-es, ni ne savaient s’ils/elles allaient être réembauché-es.

À la maltraitance des entreprises sous-traitantes est venu s’ajouter le mépris de la direction de l’ENS. En tant que donneur d’ordre, l’ENS ne s’est en effet aucunement soucié des conditions de travail des personnels exerçant sur ses sites, alors qu’il s’agit d’une obligation légale. Ceci se fait notamment à travers le Conseil d’hygiène, de santé et de conditions de travail (CHSCT). Réunissant l’employeur, une délégation du personnel et des professionnels de la santé au travail et du droit du travail, le CHSCT a pour fonction de contribuer à la protection de la santé physique et mentale et de la sécurité des salarié-es de l’établissement et de celles et ceux mis à sa disposition par une entreprise extérieure [2].

Interpellée, la direction de l’ENS a pratiqué le blocage d’informations ou n’a fourni que des informations parcellaires et évasives. Face à ces difficultés rencontrées pour exercer le droit syndical de communiquer et de défendre les travailleur-ses, une attaque au tribunal administratif a été engagée. Une pétition a été lancée et envoyée à la direction de l’ENS le 19 mai 2020 (https://ens-paris-en-lutte.fr/2020/07/15/petition-contre-la-sous-traitance-a-lens/). Cette dernière a fourni une réponse qui témoigne de son indifférence pour la situation des personnels en sous-traitance (doc 2), suscitant un nouveau courrier des étudiant-es et du personnel en lutte (doc 3).

Le désintérêt des universités et établissements d’enseignement supérieur pour les personnels en sous-traitance étant généralisé, il nous faut lutter, comme nos collègues titulaires, précaires et en sous-traitance travaillant à l’ENS, pour que nos institutions :

  1. Fassent parvenir aux CHSCT une liste exhaustive des agents travaillant sur l’ensemble des sites.
  2. Exigent des entreprises de sous-traitance qu’elles assurent des conditions de travail décentes aux personnels d’entretien, notamment par la fourniture d’équipements de protections de manière régulière, par des diminutions conséquentes des charges de travail sans réduction des salaires, et des dispositifs d’information sur leurs droits.
  3. Mettent en place des mesures concrètes et un calendrier en vue de l’intégration de ce personnel exerçant dans le domaine de l’entretien, de la sécurité, de la restauration et des services d’accueil aux effectifs salariés de l’ENS et de leur garantir des conditions de travail décentes. 

Pour soutenir cette lutte en participant à la caisse de grève : https://ens-paris-en-lutte.fr/caisse-de-greve/

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