Essai INRA « plein champ » sur la vigne transgénique : un échec qui nécessite de se poser les bonnes questions ! Communiqué du syndicat SUD-Recherche-EPST

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Si les « OGM » n’ont pas fini de soulever des controverses passionnées, nous souhaitons que l’attention médiatique portée à la neutralisation de l’essai vigne de Colmar permette de se saisir sérieusement de questions essentielles pour l’avenir de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement.

Ce n’est pas un hasard si cette action s’est déroulée après le vote de la loi
« Grenelle 2 » qui a sonné le glas des espérances portées par la démarche participative du Grenelle de l’Environnement.
Les dernières décisions gouvernementales, y compris celle de fin juillet mettant fin au moratoire sur les cultures OGM, indiquent que l’orientation affichée en faveur d’une agriculture durable, respectueuse de l’environnement n’était qu’un discours de façade… Le modèle agro-industriel a été conforté par le président Sarkozy, lui-même, au salon de l’agriculture en mars, avec sa formule : « L’écologie, cela commence à bien faire ! »*.

SUD-Recherche EPST a toujours soutenu que les OGM ne constituaient pas une solution d’avenir pour l’agriculture en France, comme ailleurs. Outre les risques sanitaires et environnementaux non maîtrisés, le modèle agricole dans lequel ils s’inscrivent est celui d’une agriculture toujours plus intensive, de type industrielle, qui est destructrice pour l’environnement mais aussi pour la profession d’agriculteur. Pour autant, et nous l’avons aussi exprimé clairement, la recherche fondamentale sur les OGM, en milieu confiné est utile, ne serait-ce que pour avoir des éléments de compréhension pour tenter de réparer les dégâts déjà occasionnés dans certains pays par la culture OGM à grande échelle.

Nous avons constamment interpellé le ministère de la recherche et la direction de l’INRA pour qu’ils affichent comme priorité le développement d’un autre modèle agricole, basé sur le respect de l’environnement, des consommateurs, qui refusent les OGM dans leur assiette, et de ceux qui produisent ces ressources. Alors que d’autres voies de recherche sur les pratiques culturales restent sous-exploitées, l’utilité des essais sur les vignes transgéniques est aujourd’hui contestée par des viticulteurs qui ont aussi compris que l’image du vin en souffrirait.

La communication développée aujourd’hui par la Direction de l’INRA sur le sujet nous interpelle :
elle affirme simultanément que cet essai sur la vigne vise à maintenir « l’existence d’une expertise impartiale au-delà de celle des entreprises internationales », mais aussi que sa destruction fait prendre le risque de « voir la France incapable de développer des produits alternatifs à ceux des grandes firmes ». Alors, nécessité (bien compréhensible) de connaissances nouvelles ou objectif (déjà annoncé) de valorisation commerciale ? C’est justement le débat de fond !

L’an dernier, lors d’une première action isolée similaire à Colmar, notre syndicat avait déjà mis la Direction de l’INRA en garde sur sa présentation partiale et partielle du contexte, en omettant systématiquement toute référence à la mise à l’index simultanée de l’essai par le tribunal administratif. Pour l’inauguration officielle de la reprise de cet essai qui devait intervenir à la mi-septembre, la présence de deux ministres était annoncée, soulignant ainsi son objectif éminemment politique. Est-ce que ces mêmes ministres se seraient déplacés si l’expérimentation avait porté sur la mise en œuvre d’une nouvelle pratique culturale permettant de lutter contre le virus ?

Plus largement, nous sommes inquiets de la brevétisation du vivant, centrale dans la stratégie OGM, au même titre que la logique d’innovation marchande à court terme imposée par le gouvernement. C’est lui le « démolisseur » du service public de recherche, et non ceux visés dans le communiqué de la direction de l’INRA. Sa politique met aujourd’hui les personnels de la recherche en situation de conflit d’intérêt**.

Nous comprenons le découragement ressenti par les collègues de l’INRA de Colmar qui ont vu leur travail interrompu. Nous les invitons à participer à la mobilisation nécessaire pour obtenir une recherche agronomique qui puisse réellement répondre aux défis de cette nouvelle révolution agricole attendue... mais pas encore entendue par nos directions.

*« Le Grenelle de l’environnement : une bonne idée lobbytomisée ! »

** « Les personnels de la recherche mis en situation de conflit d’intérêt par leur ministre »

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